L’équipe de Jolie Terre a mis en œuvre cette semaine la dernière couche d’enduit terre à l’extérieur du bâtiment. La teinte choisie pour la finition se dévoile, même si elle sera probablement atténuée en séchant. Cette dernière passe est lissée à la taloche éponge, son aspect final fait ressortir un grain très fin et une texture chaleureuse.
Après des dizaines d’heures de fonctionnement, le compresseur qui a servi à projeter les quelque 36 tonnes d’enduit terre (plus l’eau…) va enfin pouvoir se reposer. Les bras qui ont mélangé, projeté, dressé, taloché cette même quantité aussi !
Toute l’équipe d’Izuba énergies avait rendez-vous ce jeudi 20 novembre pour un atelier enduit terre. Sous la houlette de l’entreprise Jolie Terre, chacun a pu parfaire son geste sur la dernière couche de l’enduit intérieur fraîchement projetée. La matière est plutôt agréable à travailler, mais le beau résultat lisse et parfaitement plan n’est pas évident à obtenir.
Globalement plus habiles au clavier qu’à la lisseuse, nous avons rapidement laissé à des mains plus expertes ce long travail de finition. Merci encore à l’équipe de Jolie Terre d’avoir partagé avec nous leur savoir-faire et leur passion pour ce beau matériau !
En attendant des cieux plus cléments pour finaliser l’enduit extérieur, l’entreprise Jolie Terre intervient côté intérieur avec l’édification du mur de briques de terre crue, pour le moment au niveau de rez-de-chaussée, entre la salle de formation et la cage d’escalier.
Le corps d’enduit des murs périphériques côté intérieur est également réalisé après la pose sur l’OSB d’une toile de verre facilitant son accrochage :
Comme la paille, l’utilisation de la terre dans la construction a un impact environnemental minime. En enduit extérieur, elle lui procure une protection durable vis-à-vis des intempéries.
Ses caractéristiques hygrothermiques en font également un excellent allié de la construction paille :
en intérieur, elle apporte l’inertie qui pourrait autrement faire défaut,
en extérieur, sa bonne perméabilité à la diffusion de la vapeur d’eau facilite la respiration du mur et évite les condensations dans le ballot de paille
Le mélange Jolie Terre
L’entreprise Jolie Terre met en œuvre sur notre bâtiment un mélange de sa conception, fabriqué à partir de terre extraite d’une carrière près d’Uzès, à une centaine de kilomètres du chantier. Sa composition : sable, argile et fibres végétales (essentiellement paille) a été étudiée pour répondre aux besoins de protection durable de la paille et de facilité de mise en œuvre. Dans le cas de Jolie Terre, le procédé utilisé est la projection qui rend la mise en œuvre économe en temps et en main d’œuvre.
Au total, 36 tonnes de ce mélange auront été utilisées sur le bâtiment.
Enduit extérieur
L’enduit extérieur est réalisé en 3 passes :
la première passe a une épaisseur de 3 cm. Déposée sur la paille, support souple et irrégulier, elle constitue un support rigide et relativement plan pour les suivantes.
la seconde couche d’un centimètre environ, améliore encore la planéité et rebouche les fissures de la première.
la couche de finition, d’un centimètre également, est la seule utilisant un mélange différent, non fibré et éventuellement pigmenté. Elle constitue la couche la plus dure pour une protection maximale.
Enduit intérieur
La majorité des murs périphériques est enduit du même mélange côté intérieur. Une toile de verre est utilisée pour favoriser l’accrochage à la plaque OSB constituant la face intérieur du caisson contenant la paille.
Cet enduit est réalisé en deux passes, corps d’enduit et finition pour une épaisseur totale de 2 cm.
Murs intérieur en torchis
Afin que chaque bureau dispose ainsi d’au moins une cloison à forte inertie, un compromis entre inertie et coût a amené a retenir une cloison sur deux terre/paille.
Ces cloisons sont conçues selon la méthode du torchis à l’ancienne : un lattis auto-porté en pin des Cévennes supporte le mélange terre-paille. La cloison a une épaisseur totale de 8 cm. Pour assurer l’isolement acoustique, elle est composée de deux épaisseur de torchis de 3 cm séparés par un isolant de 2 cm en laine de bois.
L’impact environnemental de la fabrication des matériaux de construction et de leur traitement en fin de vie est rarement évaluée et ne fait encore l’objet d’aucune contrainte réglementaire. Pourtant, tout comme l’utilisation du bâtiment, ces étapes occasionnent des consommations d’énergie (l’énergie grise), d’eau, l’épuisement des ressources naturelles et diverses pollutions.
L’analyse du cycle de vie du bâtiment, de sa construction à sa fin de vie, montre bien que la contribution des matériaux est importante, d’autant plus que les consommations énergétiques pendant l’utilisation auront déjà été optimisées.
Pour limiter ces impacts, notre bâtiment privilégie les matériaux bio-sourcés, peu transformés et recyclables en fin de vie :
Dans l’Hérault, les épisodes de chaleur estivale peuvent s’avérer redoutables… Pour y faire face et maintenir un haut niveau de confort thermique, la conception s’appuie dans un premier temps sur des dispositifs « passifs » : limitation des apports, inertie thermique, ventilation nocturne. Le plancher rafraîchissant permet de passer les périodes les plus chaudes sans étouffer.
Conception architecturale optimisée
L’orientation principale du bâtiment nord/sud permet de conserver des façades est et ouest peu vitrées, elles seraient autrement très pénalisantes pour le confort d’été. Les ouvertures présentes sur ces façades ont pour objet l’accès latéral au bâtiment et l’éclairage naturel des circulations et de deux locaux situés sur ces façades.
Protections solaires
Protection fixe intégrée au bâti
Le bâtiment est totalement entouré d’un bardage ajouré en bois. La position et l’espacement des lames de ce bardage ont été optimisés pour favoriser les apports solaires d’hiver tout en assurant une protection fixe en été.
Stores extérieurs orientables
En plus de la protection fixe, les utilisateurs disposent de brise-soleil orientables motorisés extérieurs de type Grinotex de la société Griesser. Chacun aura ainsi la possibilité d’éviter l’éblouissement et de moduler l’apport lumineux en fonction de ses besoins. En position déployée, ces brise-soleil jouent un rôle anti-intrusion pour une ventilation nocturne sécurisée.
Inertie thermique
Sans façades ou dalles de béton, les bâtiments en ossature bois souffrent souvent d’un déficit d’inertie thermique, les rendant plus sensibles aux surchauffes. En compensation de ce handicap, des matériaux à forte inertie ont été ajoutés dès que cela était techniquement et économiquement possible.
Les matériaux retenus : torchis, terre crue, jouent par ailleurs un rôle de régulateur hygrométrique naturel qui bénéficie également au confort des occupants.
Enduits intérieurs terre
La totalité des murs extérieurs est enduit de terre côté intérieur, sans lame d’air entre le caisson paille et l’OSB support de l’enduit.
Pour les cloisons séparatives entre bureaux, un compromis entre inertie et coût a amené a retenir une cloison sur deux terre/paille, d’une épaisseur de 10 cm. Chaque bureau dispose ainsi d’au moins une cloison à forte inertie.
Mur en briques de terre crue
Dans le hall d’accueil, le long de la trémie d’escalier, est bâtie sur toute la hauteur du bâtiment une cloison en briques de terre crue de 10 cm d’épaisseur.
Planchers
Au rez-de-chaussée, l’inertie est apportée par la chape anydrite de 7 cm coulée sur la dalle béton de 20 cm. Ce plancher bas, isolé en sous-face, est posé directement sur le sol, sans vide-sanitaire, profitant ainsi également de l’inertie du sol.
Sur le plancher intermédiaire, malgré un impact important pour la structure bois, on retrouve une chape anhydrite de 7cm apportant à la fois inertie et isolement acoustique.
Ventilation nocturne naturelle
Le bâtiment est ventilé naturellement la nuit en été, stockant un maximum de fraîcheur dans l’inertie disponible. Cette ventilation est rendue possible en toute sécurité par les dispositifs suivants :
Ouvertures oscillo-battantes dans chaque bureau, protégée contre toute intrusion par les brise-soleil extérieurs.
Impostes vitrées basculantes entre les bureaux et la circulation pour assurer une ventilation traversante
Impostes vitrées basculantes manuellement sur les menuiseries en bout de circulation
Ouvrant motorisé en haut de la façade nord, au dessus de l’escalier, pour favoriser la ventilation naturelle par tirage thermique.
La ventilation mécanique pourra éventuellement être mise en marche la nuit si la ventilation naturelle est insuffisante.
Plancher rafraîchissant
Les simulations thermiques montrent que pour un été normal, l’ensemble de ces dispositifs « passifs » sont suffisants pour maintenir des températures confortables. Cependant, pour les périodes les plus chaudes, un apport de froid est assuré dans les bureaux par le plancher rafraîchissant dans lequel circule de l’eau rafraîchie directement par les pieux géothermiques, sans fonctionnement de la pompe à chaleur donc avec une consommation énergétique minimale.
Remis à Renaud Mikolášek, gérant d'Izuba, le 5 novembre dernier à l’occasion du salon Le Mondial du bâtiment, ce prix a été décerné par un jury de professionnels reconnus.
En attendant des cieux plus cléments, l'entreprise Jolie Terre intervient côté intérieur avec l'édification du mur de briques de terre crue et l'enduit intérieur.