Chape anhydrite

Un sol, mais pas seulement

La chape constitue ici le sol fini du bâtiment, ce pour quoi elle n’est pas normalement faite. Elle devra avoir une dureté suffisante et un aspect esthétique final soigné. Et puisqu’elle assure l’émission de chaleur et de fraîcheur, elle doit avoir une bonne conductivité thermique. L’apport en inertie pour le confort d’été fait également partie de ses fonctions.

Un sol fini « brut »

La chape sert habituellement de support à un revêtement standard (carrelage, parquet, sol souple…). Donc l’utilisation de la chape en sol fini est une réalisation « hors normes », expérimentée dans notre bâtiment. Cet usage implique un objectif de dureté supérieur à la norme d’une chape standard et un travail spécial sur le rendu esthétique final.
Le choix d’un mortier d’anhydrite a été retenu pour sa dureté supérieure à celle d’un mortier de ciment et pour sa couleur naturelle beige gris. Le revêtement est ici remplacé par une solution minimaliste :

  • Un ponçage, pour nettoyer et harmoniser au mieux le rendu de surface, faire apparaitre un peu l’agrégat et favoriser l’aspect technique du sol.
  • Un traitement par une huile minérale, pour saturer le support et en protéger la surface (action anti-tache). L’huile minérale choisie est issue de procédés écologiques et faiblement émettrice de polluants internes.
Ponceuse rotative chape
Ponceuse rotative pour la finition de la chape

D’un point de vue esthétique, cette finition a un aspect brut et technique, avec une dimension « industrielle » forte et un rendu authentique du minéral et de sa composition naturelle.

Chape brute
Chape brute après séchage d’une semaine avant finition

L’émetteur de chaleur et de froid

La bonne performance du sol chauffant est assurée par les caractéristiques intrinsèques de la chape :

  • sa fluidité exceptionnelle permet un enrobage optimal des réseaux chauffants, l’absence de vide dans le mortier augmente la conductivité par rapport à un mortier traditionnel non liquide,
  • sa nature minérale particulière (anhydrite), très conductrice de la chaleur, améliore la diffusion de la chaleur ou de la fraîcheur.

Recouvrant toute la surface des pièces, ce mode d’émission privilégie le rayonnement et nécessite une température d’émission plus basse : il est plus confortable pour les usagers et plus économe, car favorable au fonctionnement de la PAC à un rendement élevé. En mode froid, le recours au plancher permet de valoriser la ressource issue des forages géothermiques sans fonctionnement de la PAC.

Coulage chape anhydrite
Chape juste coulée

Une recette minérale

Le mortier utilise comme liant l’anhydrite, ou sulfate de calcium, qui fait partie de la même famille que le plâtre et vient du gypse. C’est un matériaux plus naturel et moins énergivore que le ciment, issu des filières de valorisation de matériaux recyclés.
Mais ce liant ne représente « que » 15.9 tonnes du total de 59.5 tonnes qui sont appliquées, la majeure partie du mortier étant constituée par l’agrégat : un sable de moins de 4 mm qui donne son corps au sol et son aspect brut après ponçage.

Une mise en œuvre technique

La chape liquide implique une applicabilité différente : plus rapide et demandant moins de personnel que s’il fallait dresser à la main, à la règle, à quatre patte, comme à l’ancienne, les presque 60 tonnes. Le chantier est ainsi plus vite libéré pour les intervenants suivants.
Il y a toutefois des contraintes spécifiques au mortier liquide, elles tiennent surtout au fait que le produit, étant liquide, doit pouvoir être rempli sans fuir, alors que le sol est souvent un « gruyère » pour relier les diverses structures et réseaux du bâtiment. Il faut donc rendre le support étanche à la chape et même l’arrêter pour la mouler là où elle doit s’arrêter (escalier et autres passages).

Merci à l’entreprise Philochape pour sa participation à la rédaction de cette page !

Une conception bioclimatique

Tirer parti du lieu et de l’usage

La conception d’un bâtiment est dite « bioclimatique » quand elle tire un profit maximum des conditions environnementales pour assurer le confort des occupants.
Dans le cas de notre bâtiment, il faut composer avec le climat méditerranéen : étés chauds, hivers doux, ensoleillement conséquent, vent du nord très fréquent, pour assurer le confort d’un ensemble de bureaux et d’une salle de formation occupés en journée, avec des apports internes liés à l’informatique pouvant être importants.

Vue aérienne de l’Ecoparc, zone d’implantation du projet. Au premier plan, le collège, sur la droite Fabrègues et au fond les collines de la Gardiole.

En hiver : capter le soleil et limiter les déperditions

En climat méditerranéen pour des bureaux, les besoins de chauffage ne sont clairement pas le principal problème, ils sont cependant réduits à leur minimum :

  • La forme générale du bâtiment est simple et compacte, pour limiter les surfaces déperditives.
  • L’orientation nord/sud favorise les apports solaires au sud dans les bureaux.
  • Le choix de l’ossature bois avec isolation en paille permet d’obtenir un très haut niveau d’isolation des murs.
Couverture bottes de paille
Les bottes de paille, 37 cm d’isolation pour les murs !

En été : limiter les apports, amortir et ventiler

La contrainte principale est bien le comportement estival, l’enveloppe limite les surchauffes en adoptant les principes suivants :

    • Le bâtiment est équipé de protections solaires fixes et mobiles bloquant le rayonnement solaire direct en été tout en permettant les apports solaires en hiver.
Protection solaire et éclairement naturel des espaces
Ventilation naturelle traversante du bâtiment en été

Optimiser le confort d’été

Dans l’Hérault, les épisodes de chaleur estivale peuvent s’avérer redoutables… Pour y faire face et maintenir un haut niveau de confort thermique, la conception s’appuie dans un premier temps sur des dispositifs « passifs » : limitation des apports, inertie thermique, ventilation nocturne. Le plancher rafraîchissant permet de passer les périodes les plus chaudes sans étouffer.

Conception architecturale optimisée

L’orientation principale du bâtiment nord/sud permet de conserver des façades est et ouest peu vitrées, elles seraient autrement très pénalisantes pour le confort d’été. Les ouvertures présentes sur ces façades ont pour objet l’accès latéral au bâtiment et l’éclairage naturel des circulations et de deux locaux situés sur ces façades.

Façade Est
Vue de la façade est. La façade ouest est identique.

Protections solaires

Protection fixe intégrée au bâti

Le bâtiment est totalement entouré d’un bardage ajouré en bois. La position et l’espacement des lames de ce bardage ont été optimisés pour favoriser les apports solaires d’hiver tout en assurant une protection fixe en été.

Coupe éclairage
Protection solaire et éclairement naturel des espaces

Stores extérieurs orientables

En plus de la protection fixe, les utilisateurs disposent de brise-soleil orientables motorisés extérieurs de type Grinotex de la société Griesser. Chacun aura ainsi la possibilité d’éviter l’éblouissement et de moduler l’apport lumineux en fonction de ses besoins. En position déployée, ces brise-soleil jouent un rôle anti-intrusion pour une ventilation nocturne sécurisée.

Brise soleil extérieur
Brise soleil extérieur

Inertie thermique

Sans façades ou dalles de béton, les bâtiments en ossature bois souffrent souvent d’un déficit d’inertie thermique, les rendant plus sensibles aux surchauffes. En compensation de ce handicap, des matériaux à forte inertie ont été ajoutés dès que cela était techniquement et économiquement possible.
Les matériaux retenus : torchis, terre crue, jouent par ailleurs un rôle de régulateur hygrométrique naturel qui bénéficie également au confort des occupants.

Enduits intérieurs terre

La totalité des murs extérieurs est enduit de terre côté intérieur, sans lame d’air entre le caisson paille et l’OSB support de l’enduit.
Pour les cloisons séparatives entre bureaux, un compromis entre inertie et coût a amené a retenir une cloison sur deux terre/paille, d’une épaisseur de 10 cm. Chaque bureau dispose ainsi d’au moins une cloison à forte inertie.

Echantillon cloison terre
Cloison en terre crue sur lattis bois.

Mur en briques de terre crue

Dans le hall d’accueil, le long de la trémie d’escalier, est bâtie sur toute la hauteur du bâtiment une cloison en briques de terre crue de 10 cm d’épaisseur.

Planchers

Au rez-de-chaussée, l’inertie est apportée par la chape anydrite de 7 cm coulée sur la dalle béton de 20 cm. Ce plancher bas, isolé en sous-face, est posé directement sur le sol, sans vide-sanitaire, profitant ainsi également de l’inertie du sol.
Sur le plancher intermédiaire, malgré un impact important pour la structure bois, on retrouve une chape anhydrite de 7cm apportant à la fois inertie et isolement acoustique.

Ventilation nocturne naturelle

Le bâtiment est ventilé naturellement la nuit en été, stockant un maximum de fraîcheur dans l’inertie disponible. Cette ventilation est rendue possible en toute sécurité par les dispositifs suivants :

  • Ouvertures oscillo-battantes dans chaque bureau, protégée contre toute intrusion par les brise-soleil extérieurs.
  • Impostes vitrées basculantes entre les bureaux et la circulation pour assurer une ventilation traversante
Ventilation naturelle traversante du bâtiment en été
Ventilation naturelle traversante du bâtiment en été
  • Impostes vitrées basculantes manuellement sur les menuiseries en bout de circulation
  • Ouvrant motorisé en haut de la façade nord, au dessus de l’escalier, pour favoriser la ventilation naturelle par tirage thermique.
Coupe ventilation
Ventilation naturelle estivale des circulations

La ventilation mécanique pourra éventuellement être mise en marche la nuit si la ventilation naturelle est insuffisante.

Plancher rafraîchissant

Les simulations thermiques montrent que pour un été normal, l’ensemble de ces dispositifs « passifs » sont suffisants pour maintenir des températures confortables. Cependant, pour les périodes les plus chaudes, un apport de froid est assuré dans les bureaux par le plancher rafraîchissant dans lequel circule de l’eau rafraîchie directement par les pieux géothermiques, sans fonctionnement de la pompe à chaleur donc avec une consommation énergétique minimale.

Récit de chantier